On dit que l’hypnose est à l’éveil ce que le rêve est au sommeil.
Que dire alors du tunnel qui parfois se crée entre le rêve et cet état d’hypnose si particulier qui permet un accès spécial à la créativité ?
Certains l’appellent hypnagogie; et si l'état hypnagogique est un état de conscience particulier intermédiaire entre la veille et le sommeil ayant lieu durant la première phase du sommeil : l'endormissement, il se trouve qu’elle se présente également au réveil, comme une transition qui permet de conserver un parfum issu des rêves les plus parlants, les plus inspirants.
L’artiste surréaliste Salvador Dalí qualifiait l’hypnagogie de "sommeil avec une clé" et l’utilisait comme source d’inspiration créative pour bon nombre de ses peintures.
Dernièrement, une sensation se sécheresse avait pris place dans mon univers créatif (cela vous est certainement déjà arrivé) et c’est précisément cet état qui a permis la connexion avec cet endroit si précieux de mon être créateur via ce tunnel entre rêve et transe hypnotique.
Au réveil, voici ce que j’ai écrit pour conserver ce parfum évanescent dont j’avais une soif intarissable depuis quelques temps.
« C’est par le rêve que tu es venu me trouver, mystérieux comme jadis, intense et ténébreux. Tu m’as prise par la main et m’a invitée à te suivre; je t’ai suivi. Presque sans mot, tout dans le regard brûlant, tu as dessiné ce tunnel intérieur créateur et je m’y suis engouffrée. Les boucles sombres entourant ton visage me montrent alors la souplesse à embrasser, ta démarche langoureuse m’enseigne la langue du corps et le temps qui s’étire dans tes souffles suspendus me rappelle l’abîme de l’instant, son vertige : y replonger.
Les décors feutrés et glauques vers lesquels tu te diriges prennent le pas sur les scènes extérieures; je m’y intériorise. Mes doigts frôlent des textures suaves alors que les odeurs se précisent, acres parfois. Chaque image prend l’allure d’une photo exposée dans une galerie, exprimant la finesse d’une expression, d’un regard ou d’un geste esquissé.
Voilà que l’adversité se manifeste, m’appelle, lourde, perturbant cet instant suspendu. La contourner demande du doigté : j’ose. Mes actions sont précises, mon intention claire: rien ne semble pouvoir me retenir là. Je clos cette parenthèse, je referme la porte, étanche.
Cela me permet de revenir à cet acte inachevé, cet appel irrésistible et poursuivre, plonger, encore et encore. Regarder droit dans les yeux.
Découvrir cet univers intérieur me chavire et amène ce sentiment de défi qui allume tout mon être.
Miser sur l’improbable, le fou...sourire seule.
Le tunnel est ouvert, les sens sont allumés, le désir et la désinvolture s’allieront pour que jaillisse l’élixir tant convoité.
Fantôme du passé, tu es venu m’ouvrir à nouveau ce chemin.
Alors que la frontière entre sommeil et éveil se disperse, je t’honore et te promets d’aller à cette rencontre tant convoitée : celle de ma créativité. »
Il suffit parfois de lire quelques mots pour replonger dans des souvenirs similaires. Je ne sais pas jusqu’où ces réminiscences peuvent vous amener et ce que voyage dans le passé peut vous permettre de retrouver. Des impressions sont parfois tellement fortes qu’elles nous marquent profondément et qu’il suffit d’une image, d’une sensation ou de l’ombre d’un parfum pour qu’elles ressurgissent, intactes et puissantes.
C’est aussi une invitation qui se crée, une orientation qui teinte l’avenir. Un désir, un appel, une envie qui ouvre une voie de possibilité.
Et si cet état devenait un rendez-vous avec l’artiste qui cherche à s’éveiller à travers vous?
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